Ce concert touareg, a pour objectif de sensibiliser le public au concept de Gossi MawMaw. GMM est un événement itinérant qui vise à consolider la paix et le développement dans toutes les régions maliennes. Avec l’appui des autorités locales, nous avons choisi la commune de Gossi pour le lancement de cette initiative qui favorisera la visibilité du lieu, la cohésion sociale et la promotion de la paix.

Anana Harouna a formé Kel Assouf à Bruxelles en 2006. Touareg né à Agadez, au Niger, en 1976, son parcours fut loin d’être un long fleuve tranquille : «  J’ai vécu jusqu’à l’âge de 12 ans à Agadez, nous a-t-il raconté quelques instants avant son concert à Couleur Café. Avec ma famille, on a dû s’exiler en Libye en raison de la guerre menée par la rébellion touarègue. Il s’agissait de défendre nos droits en prenant les armes. Notre terre est riche en richesses minérales mais sans que cela profite à ceux qui vivent dessus, sans eau. Le pouvoir central est complice de ça. On était marginalisés. En Libye, Khadafi nous a armés dans des camps d’entraînement. J’ai rejoint la rébellion au nord du Niger comme soldat de 14 à 16 ans. J’ai commencé à m’intéresser à la musique et me suis rendu compte que la guitare était aussi une bonne façon de s’exprimer et de mener le combat. »

Anana est donc resté à Agadez où il s’est mis à jouer et à chanter. Pour vivre, il organise des voyages touristiques dans le désert. Ce n’est qu’une fois arrivé à Bruxelles qu’il se met à faire des disques. Tikounen est le second de son groupe qu’a rejoint la chanteuse Toulou Tiki, révélée dans le film Timbuktu. Elle a écrit trois titres et apporte cette touche féminine habituellement réservée au tendé, la poésie chantée par les femmes avec l’aide du tambour du même nom.

Pour produire tout cela, Anana peut compter sur le Tunisien Sofyann Ben Youssef qui l’a poussé dans ses derniers retranchements sonores avec des blues bien lourds, comme Jimi Hendrix et Led Zep ont pu en livrer. Tenant les claviers sur scène, Sofyann reconnaît avoir grandi avec Led Zep, tout comme Anana qui, à la guitare électrique, n’a pas peur de se lancer dans de juteux solos aux riffs bien hard : «  Les riffs d’Anana se prêtent à un traitement hard. Les Américains ont aussi des déserts pour les inspirer. »

Anana estime que l’heure est grave au Maghreb qui n’est pas non plus épargné par le terrorisme islamiste : «  On ne peut pas jouer une musique paisible en ce moment. La situation est violente et la musique doit servir à canaliser cette violence. Des Touaregs en groupe de métal, c’est nouveau. On est des précurseurs quelque part mais ça nous permet de jouer partout, dans des festivals de rock comme de musique du monde ou de jazz. J’espère que nous inspirerons un mouvement. »

Toulou Tiki, pour sa part, ne tourne pas le dos au cinéma. Elle devrait se lancer dans un nouveau tournage au Maroc cet été. Cinéma ou musique ? Elle refuse de choisir entre les deux : «  J’ai plein de chansons. C’est plus familial et plus drôle pour moi d’être dans Kel Assouf. » Toulou vit à Paris. C’est là qu’Anana est allée la chercher : «  Ça n’a pas été difficile. Toulou est ma cousine. Elle chante le tendé depuis qu’elle est toute petite. Il faut moderniser le tendé, lui donner de nouvelles sonorités. »

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